Sperme

C'était la nuit et puisque le coureur de dièdres l'avait fait, pourquoi je n'en serais pas capable ? Je suis montée sur le hourd, sans bruit. Le loup ne m'avait pas vue, il était couché devant la porte, son museau entre les pattes. L'éclairage au derrière du village faisait briller son poil d'une étrange couleur orangée. Nous vivions dans une carte en sépia, d'un vieux sépia usé et inquiétant.

Mon ami avait tendue une main vers le loup et l'animal l'avait acceptée. Le loup n'attaquait plus la porte du château depuis.

Encore cachée derrière la porte, mon coeur débordait d'angoisse. Il explosait dans ma main lorsque je l'ai posée sur le sceau. J'ai senti aussi bien qu'entendu la masse du loup bouger. Il savait que j'étais là. J'ai ouvert la porte tout doucement. Le loup restait coucher à une vingtaine de mètres du château. J'ai ouvert la porte plus grande pour le voir mieux. Je suis restée quelques secondes ainsi, la main contre la porte, le coeur affolé et mon sang prêt à sortir de toutes mes veines sous la pression. J'ai respiré aussi lentement que je le pouvais. L'apnée n'était plus très loin, alors je me suis forcée à respirer mieux. Rien ne m'était plus naturel.

Le loup m'a laissé le temps d'apprivoiser le moment. Mes yeux se sont habitués à la couleur des étoiles et à la profondeur du regard du loup. J'ai fini par lâcher la porte et à le regarder avec attention. C'est alors qu'il s'est levé sur ses pattes. Il était haut, et puissant. Le visage juste en dessous des épaules, les arcades reposées au dessus des yeux, sa truffe touchait mes odeurs imperceptiblement.

Et puis le loup a fermé les yeux. Ses babines se sont abaissées soudainement et son dos a bougé. J'ai cru qu'il courbait l'échine, qu'il hérissait son poil, mais le loup est resté ainsi tranquille devant ma porte. Le loup entrait en transe. Sa queue touchait le sol et pendant que mes yeux s'abaissait pour mesurer la largeur de ses pattes, j'ai vu le pénis du loup, rouge flamboyant, percer son pelage. Le loup balançait doucement ses hanches comme si par instant ses pattes arrières s'enfonçaient plus solidement encore dans le sol. Le sexe du loup grandissait, toujours plus surprenant sous les poils clairs de l'animal, et les babines du loup était prise de soubresaut à la manière d'un homme qui soudain comprend quelque chose.

Le loup ne disait rien. Sa transe continuait devant moi, pétrifiée, qui n'osait faire le moindre geste. La semence du loup mouillait les feuilles sèches sous lui, son sperme luisait dans la lumière conjointe des réverbères et des étoiles. Le loup ne s'arrêta pas rapidement, il faisait durer le plaisir.

Je réussis finalement à avaler ma salive, dans le même temps le loup s'éveilla. Il ouvrit les yeux sur moi, des yeux sauvages et affamés. Il retroussa ses babines et ses longs crocs se courbèrent comme des poignards. J'attrapais précipitamment la porte, rattrapant à la fois mon équilibre, prête à refermer le bouclier avant que le loup ne m'attaque. Le loup d'un bon disparu dans les broussailles, laissant dans les feuilles une flaque humide que je ne distinguais ni de l'humiliation, ni de l'amour.

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