Foudre pleine

Je reste cachée dans mon château, tremblante, limite paranoïaque, et je m'observe. J'observe mon corps qui semble se ratatiner. Curieux, dès que je le stimule, il répond du tac au tac. Il est prêt. A voler quelque part. Ou quelque chose.

Mes esprits paniquent. Ils pagaillent, désoeuvrés, apeurés, comme des guêpes coincées sous un verre. Je médite. Plus ou moins sérieusement, plus ou moins longtemps. Ça l'éveille. Il se rassemble (et qui se rassemble, se ressemble), il fonce droit, termine, puis veille tranquillement. Jusqu'à.

Terrée comme je suis, je ne vois rien ni personne mis à part moi-même dans le miroir, ou les provisions dans les placards. Je tombe quand même amoureuse. Fort. Une foudre. Mon souffle se gonfle. Il explose ! Mes entrailles avec et le brûlant descend jusqu'à mes hanches. Je serre mes lèvres l'une contre l'autre, elles brillent. Mes pupilles se dilatent, je voudrais serrer contre moi, entre mes jambes, embrasser, sentir ses doigts sous mes seins. L'être me réclame quelque part.

Alors je dois recommencer. Le fantasme évaporé, entre la somnolence rêveuse et l'envie de reprendre pied, les esprits reprennent leur bourdon. Ils lisent, relisent, sans fin, ils ont oublié quelque part un mot, le mot d'une liste que je n'ai jamais écrite. Ils tournent en rond, sans savoir vers qui se reprocher de ne rien, jamais rien, parvenir à faire. Mis à part la vacuité, évidemment.

Je médite.  Je trouve in extremis le temps de découper quelque chose. Je tombe amoureuse. Je pose un orgasme quelque part. Mon esprit perd pied. Je médite…

Et pour le loup ? Il y a quelques jours, pendant que je me noyais dans la fatigue, mon ami a ouvert grand la porte. Le loup a montré ses crocs, le maître d'Élan a tendu la main doucement vers lui. Alors le loup s'est couché au sol. Nous avons placardé la porte, pour la protéger au cas où, mais le loup, même s'il rôde encore toutes les nuits autour du château, ne l'attaque plus.

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